mardi 30 janvier 2007

Diario Freddo - Lundi 28 janvier 1985

Message trouvé affiché dans les couloirs de l'université :

"Récoltant un peu du prestige en miettes de l'Université, l'étudiant est encore content d'être étudiant. Trop tard. L'enseignement mécanique et spécialisé qu'il reçoit est aussi profondément dégradé (par rapport à l'ancien niveau de la culture générale bourgeoise, celui des Encyclopédistes ou d'Hegel) que son propre niveau intellectuel au moment où il y accède, du seul fait que la réalité qui domine tout cela, le système économique, réclame une fabrication massive d'étudiants incultes et incapables de penser.
Que l'Université soit devenue une organisation - institutionnelle - de l'ignorance, que la "haute culture" elle-même se dissolve au rythme de la production en série de professeurs, que tous ces professeurs soient des crétins, dont la plupart provoqueraient le chahut de n'importe quel public de lycée - l'étudiant l'ignore; et il continue d'écouter respectueusement ses maîtres, avec la volonté consciente de perdre tout esprit critique afin de mieux communier dans l'illusion mystique d'être devenu un "étudiant", quelqu'un qui s'occupe sérieusement à apprendre un savoir sérieux, dans l'espoir qu'on lui confiera les vérités dernières.
C'est une ménopause de l'esprit. Tout ce qui se passe aujourd'hui dans les amphithéâtres des écoles et des facultés sera condamné dans la future société révolutionnaire comme bruit, socialement nocif. D'ores et déjà, l'étudiant fait rire. "

(Lou Schibronsky détache l'affichette et l'emporte afin d'en méditer le sens et l'intention et afin d'essayer d'y affûter son esprit critique. )

Aucun commentaire: