lundi 23 avril 2007

Nouveau roman à lire 2007

« Est-ce que la vie est un jeu ? Si elle l’est, qui en fixe les règles ? Dieu et le Bouddha n’ont pas l’air de s’entendre là-dessus. Le premier nous dit qu’on a qu’une vie sur cette terre, après quoi on monte au paradis ou on descend en enfer, selon l’état de nos péchés. Le second nous enseigne qu’on ne monte ni ne descend nulle part : on tourne. C’est ce que m’a appris l’Oncle Minh – encore lui !

Il dit que dans le bouddhisme, le péché n’existe pas, seulement l’ignorance, ce qui explique pourquoi on a plusieurs vies : on tourne et à chaque tour – à chaque vie -, on a une chance de s’améliorer. Et on tournera autant de fois, on aura autant de vies qu’il faudra pour sortir de cette ignorance et atteindre le but ultime de tout bouddhiste : l’Eveil. Bien sûr, je ne l’ai pas laissé s’en tirer aussi facilement.

- Ca veut dire quoi, oncle Minh ?

- Ca veut dire qu’on est conscient, ma petite Tuyêt.

- De quoi ?

- Des causes profondes de la souffrance.

- Et alors ?

- Et alors on peut la neutraliser et atteindre la sérénité et, de là, accéder à la Joie.

- A la joie ? Il faut plusieurs vie pour apprendre à devenir joyeux ?

- L’ignorant est aveugle et le monde est fait de leurres. Tel qui croit fuir la souffrance y fonce, victime de ses illusions. Nous lisons tous le même livre mais ne tournons pas les pages au même rythme.

Avec tout ça, je me demande bien pourquoi on vit ! Monter, descendre, tourner en rond, à quoi ça rime ? Même si j’étais loin de comprendre tout ce que disait Oncle Minh, il me sautait aux yeux que je courais moins de risque avec le Bouddha qu’avec Dieu. »

Extrait de Tuyêt-Nga Nguyên, Le journaliste français, collection Le grand miroir, éditions Luc Pire, 2007.

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