jeudi 8 janvier 2009

Un extrait de mon ouvrage "Lire Ryle" paru chez DeBoeck, il y a quinze ans:

Le scepticisme de Ryle semble finalement avoir pris le dessus quand il déclare qu'en somme, l'opportunisme méthodologique est la seule bonne "methode philosophique".

" Pour apprendre aux étudiants à philosopher, on ne peut rien faire de plus que philosopher avec eux. L'idée d'un philosophe ou d'un poète bien entrainé comporte, pourtant quelque chose de risible. Il n'existe pour ainsi dire aucune technique indiquée pour philosopher ni pour composer. ... Parce qu'être un bon philosophe ou un bon poète, c'est s'avancer en dehors des sentiers battus. La philosophie et la poésie ne s'apprennnent pas dans les manuels : elles s'apprennent par la pratique, elles requièrent des stimulations, un dur labeur et du flair." Gilbert Ryle, Thinking,1953.

Une telle philosophie, sans thèse, sans argument ni méthode propres et indispensables, est en effet une philosophie du doigté. Le philosophe-artiste de Gilbert Ryle doit sentir le danger sous l'utilité de toutes les dichotomies, voir venir le moment où les débats se transforment en dialogues de sourds, et subodorer les détours de pensée où l'absurdité le guette. D'où l'importance énorme du sens de l'humour et d'une certaine auto-dérision dans la métaphilosophie rylienne : l'ouvrage du philosophe reste essentiellement inachevé, imparfait. Car la philosophie elle-même n'a pas de fin.

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