jeudi 11 octobre 2012

En partage, un texte poétique qui vient de m'être envoyé.


Qui mo pou cui ?

Par Dominique Mathy.

La maman de ma Maman se posait tous les jours la question : "Qui mo pou cui?"
En Français dans le texte. Peut-être la chatte du voisin ou notre canari mâle dans sa cage dorée. C'est vrai qu'il faisait semblant de ne pas pouvoir voler.
Ma Maman n'avait qu'un grain, celui sur la cuisse gauche, là où la peau est plus tendre.
Et aussi, on mangeait du riz tous les jours. Il ne fallait pas gaspiller un seul grain quand on pensait à notre logement social au troisième sans ascenseur. Ma petite soeur dormait avec Maman et moi je décorais ma chambre de 3m sur 3 et j'attendais celui qui ne viendrait pas.
Le canari avait survécu à l'arthrite, puis était décédé un 5 septembre. Je n'avais pas chialé à son enterrement. Souffrir ou ne pas souffrir ? Moi, j'étais complètement piquée, piquée à l'Haldol, 300mg d'Haldolpéridol.
Maman avait donné des surnoms à nos voisins. Hippopotame à la vieille forte du premier. Elle devait sans doute bouffer son steak frites salade arrosé d'un grand cru pratiquement tous les jours.
Moi je voulais maigrir. Maman se trouvait laide et ma soeur avait une belle poitrine aux tétons roses que j'enviais.
Le voisin qui partageait le même palier que Hippopotame s'appelait Crapaud, je n'ai jamais su pourquoi.
Il y avait aussi celle que Maman surnommait Bougie à cause de son nez. Nous, les trois femmes, on riait beaucoup; ça faisait surtout rire Maman tous ces surnoms. Moi, je riais sous cape et chantais comme Birkin :"Entre le moi et le je mon équilibre mental est en jeu". J'avais dit au faucon rouge qui m'avait écrit:
" Question: pourquoi les 50 ans d'une mère sont plus importants que les 50 ans d'un père?"
"Réponse : parce qu'une mère c'est plus que 5612francs par mois!" Et c'était encore moi qui avais présenté des excuses!
Tu te souviens, Maman? Tu l'avais appelé Monsieur Félix notre canari qui sifflait.

Tu te souviens, petite soeur? J'ai donné ton prénom à mon fils et tu es sa marraine. Ma soeur. Mon unique soeur!
Merde à Muriel et à Maryse! N'empêche! Je le sentais que je donnerai la Vie à un garçon. Un fils, un fils unique
 aux yeux ourlés de longs cils. Pas un canari qu'on empêcherait de s'envoler...

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